23 septembre 2008
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12:33
Est-ce pour dire: "J'y étais !"... Je viens de retrouver cette photo, et en la regardant je me dis encore que j'y suis... Cette douce quiétude à la fraîcheur d'un arbre...
L'attente de la visite de l'atelier... Ce chemin de lumière qui vient cogner à la fenêtre de la maison par endroit caressée par les ombres du jardin... Rien à voir avec la complexité lumineuse
d'un paysage breton; ici c'est l'endroit idéal pour "construire" son tableau. Les masses colorées s'imposent d'elles-même par la seule force du soleil; les tonalités se déclinent ouvertement; les
ombres absorbent la diversité des teintes pour mieux en exclure ce noir qui n'a pas lieu d'être sur la palette du peintre. On ressent parfaitement la déclinaison des couleurs comme pour
mieux se protéger de l'intensité lumineuse. Il y a là-bas cette possibilité de comprendre le monde qui nous entoure sans avoir recours à d'inutiles artifices picturaux. Chacun peut y trouver
sa vérité et décalquer son ressenti visuel sur la toile en toute sincérité...
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Denis LE POULLENNEC
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14 septembre 2008
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23:13
Réaliser un autoportrait c'est tenter d'approcher et de dompter cet autre nous-même qu'est notre image.
Quoi de plus difficile que de rendre à la vie cet instant plus ou moins court dans une journée où l'on se croise au détour d'un miroir !. Que dire de cet être toutefois si proche et pourtant sur
lequel glisse le temps...
Le pinceau ou le crayon oseront-ils tout dévoiler de l'être sans se laisser influencer d'un paraître quasi-obligé ?
Que cherche-t-on au delà de l'anatomie et des contours familiers?
L'artiste cherche à se voir "voir"(et non pas regarder), pour mieux comprendre ce qui l'habite, ce qui le pousse, par delà sa palette, à "toucher" en permanence ce qui n'est pas
lui. D'un autoportrait réussi il ressortirait plus confiant en sa raison de coexistence. Mais n'est-il pas un insatisfait permanent.?..
J'ai voulu illustrer de façon cocasse ces quelques mots sur l'autoportrait d'un photomontage réalisé par Maurice Guibert en 1890 et intitulé "Toulouse Lautrec par
lui-même"...
Une sorte de conversation frontale...
(thérapie ?...)
Cela nous permet de revoir Toulouse Lautrec !...
Ne serait-ce que par magie....
Celle de la photographie...
Denis LE POULLENNEC
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12 septembre 2008
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18:12
Je vais dorénavant vous laisser, je l'espère, sur l'envie de pénétrer dans le livre d'Aragon "
Henri Matisse, roman" (Ed. GALLIMARD).
Mais avant je voudrais vous relater un moment fort de la rencontre du peintre et de l'écrivain.
Un jour, face à un portrait de Beaudelaire retravaillé par Matisse, Aragon constate que "
le regard a changé" et qu'on dirait "
qu'il s'est vidé ou qu'il s'est empli, vidé de ce qui est
prunelle, empli de ce qui est vision". Il se trouve confronté à cette dextérité du peintre au travers de signes qui lui sont propres et qui définissent son style. Il avoue même
vouloir "
retenir le signe comme une unité sonore".
Matisse avait l'habitude lors de leurs rencontres de maintes fois "croquer" l'écrivain.
Malgré une certaine gêne d'être exposé au "
sens par où le regard passe" et au "
chemin vers quoi le regard se prolonge" il s'est laissé "signer", jusqu'à ce qu'il soit réellement
confronté au double mystère de l'homme et du signe.
Parmi tous ses portraits dissemblants de l'infidélité du peintre, il finira par rencontrer , parmi l'un d'entre-eux, le visage de sa propre mère...
Comment le peintre avait-il fait puisqu'il ne l'avait jamais connue !...
C'est le mystère de l'Artiste...
(Suite des articles du 7 et du 5 septembre 2008) .
Denis LE POULLENNEC
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10 septembre 2008
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19:39
L'atelier des Lauves en 1901...
Pratiquement un siècle plus tard, en vacances, je découvre le sud de la France; ce sud qui rend moîte la moindre recherche d'odeur, qui éclate d'une luminosité peu
familière pour un breton.
Aix en Provence, la ville natale de Cézanne, ce peintre qui m'est tant familier. Dans mes souvenirs, en effet, il me revient de mes déambulations scolaires au travers de livres que mon professeur
de dessin me prétait, tout comme son attention particulière à ma curiosité non aléatoire. Cet homme me demandait de choisir des morceaux d'oeuvre, des espaces parlants, d'y entrer en les
reproduisant pour mieux rencontrer la couleur...
Et me voici aujourd'hui sur les traces DU peintre, circulant dans sa ville, ne pouvant retenir quelque onomatopée propre à mon désir tant de fois retenu devant les panneaux contenant le mot
magique: CEZANNE ...
La visite va vite trourner à la déception car le constat est affligeant: "IL" est un enfant du pays, un des grands Maîtres de la peinture ... Et pas un musée ici ne lui est consacré ! impossible
de reposer son propre tourment devant une toile originale; rien qu'un buisness de posters, de tee-shirts et babioles en tout genre pour touristes... J'ai déjà ressenti cette même tristesse
concernant Van Gogh... Où sont donc ces oeuvres qui transpirent du labeur forcené de ces Maîtres transportés par les couleurs enflammées de ce soleil tyrannique ? ... Ah, oui c'est vrai ! Il y a
ce marché mondial de l'Art...
Une seule chose continue de m'intriguer toutefois; ce sont ces panneaux directionnels indiquant la présence d'un atelier... Allons-y !...
Le véhicule garé dans un zone d'habitations indivuduelles et collectives, je me
retrouve assez rapidement devant un grand mur de pierre flanqué d'un portail blanc avec un simple petit encart posé sur lequel sont indiqués les horaires d'ouverture. Un petit groupe de
personnes attend là aussi le fameux sésame. Nous pouvons enfin entrer et mon premier regard caresse cette maison d'une douce et paisible simplicité. J'en ferai plus tard une
aquarelle. Une personne nous divise en petits groupes pour faciliter et rendre la visite plus agréable. Je suis invité avec quelques personnes à attendre le prochain voyage en
visitant le jardin qui s'offre de lui-même à nous: devant la maison un espace gravillonné sur lequel quelques bancs invitent au repos pour contempler cet espace qui semble
avoir depuis toujours gardé son charme initial; arbres et pelouse déclinent un naturel évident entourant de bienveillance un tout petit plan d'eau duquel émergent quelques
nénuphars satisfaits de ne point avoir la vedette dans cet espace bienheureux. La ballade se poursuit par des chemins qui contournent la maison; la nature se plait à se
présenter dans toute sa simple vérité; et toujours quelque banc qui vous attend...
La chaleur m'est devenue douce compagne; je m'impatiente un peu; pourtant tout me paraît "luxe, calme et volupté"...
C'est enfin à notre tour de rentrer dans la maison. Dès l'entrée, dans la
petite salle d'accueil, le guide nous reçoit et nous prépare en quelques phrases à la visite de l'atelier. Le coeur battant, je suis le groupe incapable de vous dire quelle direction nous avons
prise. Il me semble encore aujourd'hui que nous montons un escalier. Et me voilà dans cet atelier. Il me semble grand tellement s'imposent coins et recoins à mon regard goulu. Notre guide,
avec talent, nous parle de Cézanne. Chaque mot qu'il emploie dénote une réelle affection pour le peintre; chaque anecdote me prouve qu'il le connait bien... Mais quand va-t-il rentrer ?
Pourrais-je le voir, lui parler ? ... Il est vrai que depuis que j'ai pénétré cet atelier, j'ai le "sentiment d'y être le seul désordre, comme un homme qui pénètre dans la conscience
d'un autre, et sans en saisir la loi, en devine la cohérence singulière*"... Je l'entends marcher, la palette posée là-bas dégage l'odeur d'un travail inachevé... Je vous assure.. Là !
Regardez ses pommes dans l'assiette!... Le guide nous explique le travail autour des natures mortes, les astuces pour y donner plus de perspective... Le grand escabeau pour élaborer les
grandes toiles. Cest vrai, en fait que l'atelier est grand. Cézanne a même dû faire creuser dans un mur une sorte de gigantesque "meurtrière" pour entrer et sortir ses grands formats
toilés ... Mais à quelle heure revient-il?...
Les murs sont d'un gris neutre pour ne pas géner l'artiste dans son travail de coloriste...
Et me voilà planté devant la grande baie vitrée de l'atelier. Sont-ce les effets du temps sur le verre ? Est-ce mon imagination qui parfois déborde ? Mais à ce moment là, regardant les arbres du
jardin, à travers les vitres, j'ai vu ce que Cézanne a peint : une végétation (dé)composée en touches particulières géométriquement colorées ; la signature, le style
même du Maître.
... Ce jour là, j'ai rencontré Cézanne...
*"henri Matisse, roman" Louis Aragon.
Denis LE POULLENNEC
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18 août 2008
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15:24
Nous nous trouvons trop souvent, je
parle des artistes qui n'ont pas d'atelier pour fabriquer leurs supports, confrontés à l'achat d'une "matière première" au format peu formateur par rapport à nos visions: regard
furtif ou scrutateur, vision d'ensemble ou déambulations visuelles aléatoires....
Ces supports proposés, et il faut le dire coûteux, répondent donc précisément à l'officialisation mercantile d'une homothétie standardisée, elle même tristement peu
formative pour l'esprit....
Ajoutons à cela, que ces supports entraînent l'achat d'une autre matière première qui, de par son idéale adaptation, concourt elle aussi au consensus autour de la création...
Aujourd'hui je me procure des chutes de bois divers, aux formats les plus étonnants les uns que les autres. Ce sont ces supports qui répondent à mes regards, invitent mon imagination en titillant
ma mémoire...
Ci-contre l'exemple d'une "écorce verte" sur une hauteur de 1m10, ce qui m'a permis de la découvrir plus intimement en la caressant de pastels et de gouaches.
Un jour une personne m'a dit : "Mais qui va acheter des morceaux de bois!!!"
Qu'importe, entre-temps j'apprends!....
LE POULLENNEC
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20 juin 2008
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17:28
Certaines personnes m'ont dit :' C'est un peu facile de se dire "artiste"..." Difficile en fait de leur répondre d'une vérité qui leur est encore inconnue.
"Artiste" est en effet un long cheminement tracé par la conscience et borné par l'existence... Un indicible appel qui hante votre corps et votre esprit...
Lisez l'extrait qui suit, il nous aidera peut-être à mieux nous rencontrer:
(...)" J'imagine (ainsi) que dans les cachettes des maisons, sous des pierres de jardins, ou des détritus dans les terrains vagues, il y a des enfants qui enfouissent leurs incompréhensibles
secrets. Personne heureusement ne les retrouve, on en rirait, et rien au monde à penser ne me paraît plus insupportable. Le monde réel est aussi fait de ces rêveries, je dirais même qu'il est
bâti dessus.
(...) Moi où avais-je la tête? Pas une minute ma pensée ne se détachait d'un objet précis. J'étais poursuivi par les odeurs... Je regardais mes doigts.
cela vous tient par tout le corps. On ne sais pas d'abord de quoi il retourne. On a l'envie de ne rien faire. On traîne. On est lourd. Tout ce qu'on entreprend paraît oiseux, bien particulier. Il
n'y a pas moyen de fixer son attention sur ce que les gens vous disent. Alors on se cache pour être seul. Il faut souvent mentir pour en avoir la possibilité.
Quand je suis seul, enfin, mes regards s'attachent à tous les objets. Comme ils luisent. Il règne une lumière inaccoutumée. Les moindres aspects du monde sont tout à coup pleins de sens. Est-ce
que je viens de retrouver le clef d'un grand mystère perdu? Il s'établit un mystérieux rapport entre moi et tout ce qui m'entoure. Une espèce de complicité. Je reste immobile à m'attendre. Je n'y
suis pas encore. Ca vient. Il y a aussi la peur qu'au premier geste toute l'illusion se défasse comme un mannequin. (...)
Louis Aragon "Le mentir-vrai"
Ed. FLAMMARION http://www.maison-triolet-aragon.com
LE POULLENNEC
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5 juin 2008
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02:37
Vous avez la possibilité de continuer votre ballade virtuelle en vous rendant sur mon autre site
"Hop là ! Hop l'Art !
http://denislepoullennec.unblog.fr/
Ce blog relate mes différentes interventions en milieu scolaire et associatif.
A bientôt !
"Le cirque coloré" Lavis.
LE POULLENNEC
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